Les autorités vietnamiennes envoient des voyous frapper les militants

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14 février 2017

Les autorités vietnamiennes semblent systématiquement réprimer les militants. Ainsi des écologistes et autres militants ont été attaqués par les forces de sécurité et des voyous associés à la police locale au cours de la semaine, a appris le Service vietnamien de RFA.

Les attaques ne semblent pas être liées à un seul groupe puisque des écologistes et des militants religieux ont été visés par ces attaques.

Il a été rapporté mardi que la police avait arrêté et frappé plusieurs manifestants alors qu’environ 500 personnes étaient en marche pour protester contre la mauvaise gestion de Hanoï concernant le déversement de déchets toxiques de l’aciérie Formosa qui a empoisonné une grande partie des côtes du centre du pays l’année dernière.

Le responsable de la marche, le prêtre catholique Nguyen Dinh Thuc, a déclaré mardi à RFA que la police et les forces de sécurité l’avaient battu. Il a été secouru par les manifestants qui étaient en route pour déposer une pétition aux autorités du district de Ky Anh réclamant une compensation adéquate pour les pertes causées par le déversement des déchets toxiques.

“Des manifestants catholiques sont venus à moi quand ils ont vu que j’avais été battu” a-t-il dit à RFA. “La police a arrêté quelques-uns des manifestants. Ils ont embarqué mon véhicule et celui d’autres personnes également. J’ai été sauvé par les pétitionnaires.”

Il n’a pas été le seul à être frappé cette dernière semaine. Le 12 février, la militante écologiste Nguyen Thi Thai Lai était battu par quatre voyous à l’extérieur d’un restaurant de la ville de Nha Trang.

“J’ai toujours mal” a-t-elle dit à RFA. “Ils m’ont frappé au visage. Ils m’ont donné des coups de pied. Je souffre toujours”.

Elle dit avoir été emmenée de force au commissariat de police où elle a été interrogée sur ses protestations contre la Chine et l’aciérie Formosa.

“Les gens ont plus de difficulté pour venir me voir à la maison”, a-t-elle dit.

Ils l’attendaient

Après l’incident de samedi, Thai Lai explique à RFA qu’elle a rapporté l’attaque à la police locale de la commune de Van Thanh à Nha Trang, c’est là qu’elle a vu ses agresseurs tourner autour du commissariat comme s’ils l’attendaient.

En juin, le groupe taiwanais Formosa Plastics a reconnu être responsable du rejet de produits chimiques toxiques de sa grosse aciérie située dans le port du district de Ky Anh, province de Ha Tinh.

Les rejets du mois d’avril ont décimé environ 115 tonnes de poissons et ont laissé les pêcheurs et les personnes travaillant dans l’industrie du tourisme de quatre provinces du centre du pays sans emploi. Le gouvernement vietnamien a déclaré dans un rapport à l’Assemblée nationale en juillet que la catastrophe avait affecté les moyens de subsistance de plus de 200.000 personnes, dont 41.000 pêcheurs.

La compagnie a promis 500 millions de dollars pour nettoyer et indemniser les personnes affectées par les déversements, mais le gouvernement fait face à des protestations sur le montant de l’indemnisation et le rythme lent des versements.

Le Premier ministre Nguyen Xuan Phuc avait ordonné d’indemniser les personnes sinistrées d’ici la fin 2016, mais beaucoup d’entre eux n’ont pas encore reçu d’argent.

L’état communiste à parti unique du Vietnam contrôle et surveille étroitement la communauté catholique, le deuxième plus grand groupe religieux du pays après les bouddhistes. Les catholiques vietnamiens ont aussi été au premier plan s’agissant des manifestations contre l’aciérie Formosa.

Alors que les rejets de déchets toxiques de l’aciérie Formosa a suscité de rares manifestations publiques au Vietnam et entraîné des représailles, les attaques de la semaine dernière ne se sont pas réduites aux écologistes et aux catholiques.

Les dirigeants religieux visés

De même, le 13 février, certains dirigeants du Conseil Inter-religieux du Vietnam ont été attaqués alors qu’ils venaient de Saigon pour se rendre à la campagne et visiter d’autres chefs religieux à l’occasion du Nouvel An vietnamien (Têt).

Le Têt marque la Nouvelle année lunaire au Vietnam. C’est la fête la plus importante du pays, mais les membres du conseil ont passé une partie de cette fête au poste de police local. Le moine Bouddhiste Thich Khong Tanh déclarait à RFA qu’il était allé rendre visite aux chefs religieux Hoa Hao et Cao Dai, mais qu’il avait été harcelé à plusieurs reprises par les autorités.

“Nous avons été arrêtés à Vinh Long” dit-il. “Ils nous ont alors emmenés au commissariat de police et nous ont gardés là pendant plusieurs heures. Les policiers en uniforme et les gens de la sécurité locale nous encerclés, ils ont gardé nos deux chauffeurs et nous ont ensuite emmenés au poste de police. Vers 20h30 ils nous ont ramenés à Saigon”.

Un représentant de l’église Cao Dai du conseil interconfessionnel a indiqué à RFA sous couvert d’anonymat que deux adeptes de cette religion monothéiste officiellement établie au Vietnam en 1926 avait également été attaqués.

“Le disciple Cao Dai Chau Van Gon a été battu par la police en civil” a déclaré le représentant. “Il a perdu deux dents et ils lui ont pris trois millions de dongs (132 US$). Ils ont voulu prendre son Iphone mais il l’a jeté dans le fleuve”.

Le représentant a déclaré à RFA que le disciple Cao Dai Van Tac Rang avait également été battu et dépouillé.

“Ils ont pris sa montre et son téléphone”, a déclaré le représentant. “Au commissariat, les policiers leur ont dit qu’ils ne seraient pas battus au poste, mais qu’ils ne garantissaient pas leur sécurité à l’extérieur du commissariat. Après avoir quitté le poste du village de Dong Thanh, un groupe de policiers en civil l’ont attaqué et ont emporté ses affaires.”

L’activiste Pham Ba Hai a déclaré à RFA que la police lui avait dit de rester chez lui à Saigon.

“La Police municipale et la police locale sont venues me voir et m’ont dit de ne pas quitter chez moi” a-t-il dit. “Tous les militants au Vietnam sont les cibles de mesures de répression du gouvernement”.

Pham Ba Hai a indiqué à RFA que les autorités emploient souvent des voyous ou des policiers en civil pour battre et harceler les militants quand ils manquent de preuve pour les arrêter.

“Quand ils n’ont pas assez de preuve pour emprisonner les militants, ils utilisent des voyous” dit-il. “Ils laissent les voyous locaux ou les policiers en civil attaquer les militants”.

Concernant la santé des prisonniers de conscience

Alors que les coups, les arrestations à domicile et autres actes de harcèlement sont pénibles, la prison peut être encore pire, selon la femme de pasteur luthérien et prisonnier de conscience Nguyen Cong Chinh. “Je lui ai rendu visite le 10 février à la prison de Xuan Loc à Dong Nai” a déclaré Tran Thi Hong à RFA. “Il a été isolé, ses mains et ses jambes sont gonflées et ses maladies ont empiré”.

Chinh, également militant, a été condamné à 11 ans de prison en 2012 pour “pensées subversives” pour avoir des liens avec les groupes dissidents et avoir distribué du matériel considéré comme “calomniant” les autorités gouvernementales.

“Je ne peux le voir que tous les deux mois, et chaque fois que je le vois, sa santé empire”, a déclaré son épouse à RFA. “Il fait de l’hypertension, il a de la sinusite et de l’arthrite, mais ils ne lui donnent aucun médicament à la prison de Xuan Loc”.

Propos recueillis par Gwen Ha pour les services vietnamiens de RFA. Traduit par Viet Ha. Rédigé en anglais par Brooks Boliek.

Source : Radio Free Asia

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